La psycho
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      Les pièges
      de la fidélité familiale

      Les pièges de la fidélité familiale
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      Les signes de la souffrance sont très présents chez Renato : difficulté à parler, moiteur des mains, sueur du front, bouche pâteuse, rougeur intense, etc. L’existence de Renato est imprégnée d’une angoisse pesante et diffuse, presque continue. Ce qui est en souffrance, c’est la réalisation au grand jour, de façon affirmée, valorisée et reconnue, de sa vraie sexualité. Renato ne veut pas décevoir son père, tout conflit le paralyse. Il traîne, renâcle et refuse de faire le grand saut. Pourquoi cette mise en suspens de sa propre existence ?

      Renato est un homme très complexe. Encore au chômage, plus de deux années après la fin de ses longues études, il ne réussit pas à trouver du travail. À chaque entretien d’embauche, il rougit et a peur d’être démasqué. Il perd tous ses moyens. Il prononce ses mots en sous-entendant presque clairement que c’est son sexe qu’il perd et sa sexuation. Renato attend un miracle ... Il peine beaucoup au début. Parler de lui engendre de vrais tourments. En séance, son expression est très variable. Il peut être, d’un instant à l’autre, hypersensible puis terriblement cynique ; parfois enthousiaste, avec une naïveté touchante d’enfant, parfois rigide, dénigrant tout, critiquant avec virulence la société et lui-même. Renato semble très soumis à son père et voudrait être comme lui. Dans l’apparence sociale et les revendications, il est volontairement très identifié à son père, au moins en surface. Après l’avoir interrogé sur sa propension à détruire ce qu’il y a de plus précieux pour lui, sa parole, son respect de lui-même, la validité de ses sentiments, y compris dans la sexualité, Renato reconnaît lui-même que son père est cynique ; il critique tout et tout le monde : jusqu’à présent, Renato croyait que c’était le signe évident de la force de son père et de sa virilité. La question de sa soumission à cet idéal écrasant se fait plus aiguë dès que Renato aborde la difficulté d’accepter son orientation sexuelle, en complète contradiction avec l’homophobie de son père. Cette contradiction lui paraît inextricable et le fige dans son attentisme où il se dissout. Le rejet systématique des «pédés», de la part de son père, dédaigneux, moqueur et dévalorisant, empêche Renato de se sentir à l’aise et tranquille avec son homosexualité, déjà vécue au moment de l’adolescence, où il appréciait de « prendre la position féminine » avec les différents copains qui ont partagé avec lui des moments de sexualité, sans vraie affection. Sa grande peur, depuis, est d’être découvert et stigmatisé dans la réalité de sa sexualité, peu conforme aux habitudes morales et sociales de son milieu d’origine.

      Une position inconciliable


      Lorsqu’il était adolescent, Renato pouvait plus facilement cacher la vérité. Aujourd’hui, la trentaine approchant, l’empressement des questions de son entourage sur une éventuelle copine (co-pine), l’a poussé à mentir d’abord en s’inventant une fiancée, puis à en trouver une qu’il «honore» sexuellement en pensant aux films pornographiques qu’il regardait avec un copain initiateur de son adolescence. Le drame, affirme Renato, est que ça marche avec les femmes ; donc, je ne me sens pas obligé de dire la vérité autour de moi. Maintenant je passe mon temps à mentir. Cela me fait horreur... La mort de sa mère, d’un cancer du sein, peu surprenant dans une famille ou la féminité et la maternité sont, au fond, tellement vilipendées, va commencer à réveiller Renato, tout en le plongeant dans une forte détresse. Au-delà de sa peine et d’un long travail de deuil pour accepter la perte de sa mère disparue, aimée et plainte en silence, Renato prend conscience de ce qui est inconciliable en lui : les femmes, qui plaisent à son père, l’excitent, et auxquelles Renato voudrait ressembler dans sa sexualité, n’ont pas grand chose à voir avec la sensibilité discrète de sa mère. À quel «sein» peut-il se vouer, à partir de quelles identifications féminines inconscientes peut-il construire son féminin et sa position, plus volontiers réceptive et accueillante, dans sa sexualité avec les hommes ?

      Une désidéalisation salvatrice


      De cette friche encore en souffrance, mêlant pulsions, affects, angoisses, panique même, représentations contradictoires et beaucoup de clichés réducteurs, Renato a pu s’humaniser en vivant et disant sa peine, puis en faisant face à ce qui, pour lui, a été l’horreur de voir son père tel qu’il était ; en effet, peu après la mort de sa mère, Renato découvre que son père, tellement idéalisé et tenu pour irréprochable, est allé régulièrement satisfaire ses instincts sexuels avec des prostituées et même des travestis… Au fond, ce n’est pas une surprise, je le sentais bien… Durant des séances entières, Renato pleure la douleur d’avoir si complaisamment répondu à la demande inconsciente de son père d’être une femme facile, docile, soumise comme les putes qu’il allait baiser : une salope, quoi ! Rarement grossier dans ses propos, Renato a besoin de cracher et de vomir les insanités de son père, masquées derrière un discours brillant, volontiers méprisant et dévalorisant. Renato comprend mieux pourquoi, vivant à Paris et fréquentant des amis ouverts, tout à fait capables d’accepter un homosexuel parmi eux, il s’interdisait d’être lui-même et d’exister… Comment avait-il pu idolâtrer à ce point son père, en s’empêchant de vivre sa vie d’homme, pour être loyal envers son géniteur, correspondre à ce qu’il croyait être une morale, alors que ce n’était qu’un discours de semblant pour camoufler ses turpitudes ? Lutter contre l’envahissement d’une souffrance encore sans nom, accompagner la difficulté d’une perte, soutenir le courage face à une réalité douloureuse, sont des actes de passage nécessaires. Le génie de Freud n’a-t-il pas été de pointer comment les résistances révèlent les forces de rejet des censures sous toutes les formes ? Comment, aussi, l’être humain « refoule pour ne pas souffrir », c’est-à-dire au fond par impatience ? Alors que le long «travail» de la psychanalyse, cet accouchement de l’âme, est d’accéder à l’inconscient, y compris en faisant l’expérience de la souffrance, de la peine et de la douleur. Ne serait-il pas plutôt sage de se rendre à l’évidence ? Nul ne peut faire l’économie de sa vérité…

      Souffrance, peine ou douleur ?


      La souffrance correspond à tout ce qui est en attente de révélation,d’expression émotionnelle, deverbalisation, d’élaboration et de symbolisation. Ce n’est pas parce que, parfois, elle s’installe et devient malaise, voire angoisse, qu’elle a statut d’une douleur. La souffrance exige une attitude à la fois vigilante, interrogative, précise et ferme pour ainsi repérer ce qui est en attente de révélation, d’expression ou même de réalisation. Puis surtout pour éviter de sombrer dans la plainte continuelle…
      La peine, la tristesse et le chagrin sont des sentiments à accueillir comme tels, signes d’une difficulté de vivre qui, souvent, demande l’accomplissement d’un deuil. Freud insistait sur le fait que le renoncement n’est possible (la perte acceptable) que s’il y a transformation. Le cœur est alors un bon guide car l’empathie et la compassion sont nécessaires pour dépasser peu à peu son affliction et accepter de continuer de vivre malgré tout, en retrouvant son inventivité. La douleur est la manifestation d’une réalité blessante pour la personne qui la vit. On peut minimiser une souffrance, la relativiser ou la mettre en perspective pour éviter qu’elle prenne trop de place. En revanche, nier ou même minimiser une douleur ne fait que redoubler la blessure ou rouvrir la plaie. Entendre entièrement la douleur de l’autre, la reconnaître de fond en comble, en être le témoin attentif, est une étape nécessaire pour l’aider à reconnaître l’invraisemblable réalité qui lui fait si mal. Beaucoup de personnes mettent tellement de temps à reconnaître la perversion de leurs séducteurs ou de leurs agresseurs sexuels, la folie de leur(s) parent(s) destructeur(s), la négligence, l’indifférence, la cruauté de certain(e)s de leurs proches, ou tout simplement la mesquinerie, voire le mensonge, d’une personne idéalisée, adulée ou idolâtrée. « Je ne veux pas voir, je n’arrive pas à y croire, ce n’est pas possible, vous exagérez, etc. » : combien de fois sont prononcées ces réticences à regarder la réalité en face, telle quelle, ces révoltes face à l’impensable, avant que la douleur produite par le choc de la réalité puisse être pleurée, exprimée, puis dépassée en lui donnant un sens fécond pour l’avenir ?





      Saverio Tomasella

       

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