La psycho
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      De l’image inconsciente du corps
      à l’image consciente du cœur

      De l’image inconsciente du corps à l’image consciente du coeur
      ©iStock

      Depuis la création de la psychanalyse par Sigmund Freud, vers 1896, suivi de Sàndor Ferenczi, Lou Andréas-Salomé, Sabina Spielrein… et plus particulièrement depuis la fin du vingtième siècle, certains psychanalystes n’ont cessé d’affirmer l’importance de l’écoute du corps et de réfléchir à cette dimension en lui donnant une vraie place dans leur clinique. En France, Didier Anzieu, Maria Torok, Lucien Mélèse, Joyce McDougall, entres autres, se réfèrent continuellement au corps. Faisant suite à Françoise Dolto, Marie-Claude Defores, Didier Dumas, Willy Barral, et bien d’autres encore, beaucoup pensent et écoutent à partir de la notion d’image inconsciente du corps.

      Dans la continuité de ces deux mouvements, depuis deux ans, nous échangeons nos idées et nos expériences au sein d’un groupe de travail sur le thème du corps et de l’éthique en psychanalyse. Voici comment Karin Trystram explicite concrètement cette problématique :
      C’est en travaillant en tant que thérapeute corporelle que j’ai commencé à sentir l’émergence de l’inconscient, l’inconscient était là. Avec le recul, c’est même là qu’il a été le plus palpable pour moi à travers la perception du corps de sensation. Pourtant, dans ce cadre, je sentais pour l’autre et pour moi, le manque de mise en pensée et de symbolisation : la prédominance du corps. Parallèlement, en analyse, je vivais l’opposé : la prédominance d’un travail intellectuel et abstrait où les sensations n’avaient pas leur place. C’est à la lecture du livre de Françoise Dolto, “ L’image inconsciente du corps ”, que tout s’est articulé : l’évidence du corps parlant. L’image inconsciente du corps est un mouvement et en mouvement. C’est le mouvement du désir du patient. C’est le mouvement du désir de l’analyste. Ce concept inclut son évolution permanente. Le corps qui parle change, bouge ; le corps qui entend également.
      Les images utilisées par les patients(e)s font souvent référence au corps ou à ces médiations entre corps et pensée que constituent plus particulièrement les images du corps.

      Les potentialités de l’image
      Il s’agit d’image subjective, interne, et non pas d’image sociale. La première fonction de l’image subjective est de faciliter l’expression de soi, de son identité, de sa mêmeté.
      Figurer et représenter sont deux actions similaires et réfléchies. Elles impliquent non seulement le miroir, tel un lac qui réfléchit la lune, mais aussi ce temps de recul, cette distance, qui rendent possible la clarté de la pensée, puis sa mise en forme, sa mise en mots.
      C’est par la figuration, par la représentation, que l’ineffable, l’indicible, l’impensable, deviennent accessibles. C’est le mouvement même de l’élaboration ou de la symbolisation : accéder à des sensations ou des perceptions enfouies et perturbatrices, en leur donnant une existence réelle, tangible, par la pensée et la parole. La médiatisation, l’étape intermédiaire, se fait à l’aide d’images et de métaphores.
      Qu’est-ce donc que la contenance ? Les psychanalystes parlent aussi d’enveloppe, de peau.
      Contenir c’est empêcher le débordement, le morcellement, l’explosion, la pulvérisation ; garder, regarder, sauvegarder, protéger ; assurer l’unité, la cohésion, la continuité. L’image est un espace virtuel dans lequel je peux voyager, me mouvoir, me déplacer à ma guise. Cette potentialité constitue la dimension qui joue un rôle fondamental dans tout processus d’élaboration. L’image est un lieu vivant où peut se créer de la pensée. Ainsi, l’image intérieure, à la fois rêve et poésie, fait transition. L’image est “ transitionnelle” à plus d’un titre : elle est une articulation entre la sensation et la pensée ; elle est une médiation entre le corps et l’âme (la psyché) ; elle est un vecteur de communication entre l’analysant(e) et l’analyste ; elle actualise le passé dans la relation présente (le transfert) ; elle permet de figurer la séparation, l’absence et la différence ; elle facilité l’intériorisation et la création de repères internes ; elle métabolise les émotions (affects) en sentiments.

      Le corps métaphore
      Grâce à “l’image inconsciente du corps ”, Françoise Dolto a facilité l’accès du psychanalyste aux informations sur les nouages personnels et relationnels entravés chez le patient. L’image du corps est la synthèse vivante des expériences émotionnelles d’une personne, dans ses relations aux autres depuis sa naissance et même depuis sa conception. Elle constitue le fondement du langage personnel et du mode relationnel à autrui. L’image du corps croise l’espace et le temps. C’est là que le passé inconscient résonne dans la relation présente. Dans le temps actuel se répète en filigrane quelque chose d’une relation d’un temps passé. L’image inconsciente du corps diffère du schéma corporel. Le schéma corporel réfère le corps actuel dans l’espace à l’expérience immédiate. Il peut être indépendant du langage entendu comme histoire relationnelle du sujet aux autres.
      L’image du corps réfère le sujet du désir à son jouir, médiatisé par le langage mémorisé de la communication entre sujets. Elle peut se rendre indépendante du schéma corporel. Elle s’y articule par le narcissisme, originé dans la charnalisation du sujet à la conception.
      Karin Trystram parle du trépied : sujet, relation, désir. L’inconscient que dévoile progressivement une psychanalyse se révèle dans ces trois dimensions. La psychanalyse amène le sujet à déployer son désir dans sa relation à l’autre. Le psychanalyste est au service du sujet et non d’une morale. Il dénonce toute forme d’hypocrisie et de consensus pour soutenir l’émergence du sujet et sa liberté créative. L’éthique de l’humain, au fur et à mesure de son développement, l’amène à s’identifier à tous les êtres de la création. L’éthique n’est pas la morale. La morale est un code de comportement ; l’éthique, elle, soutient une intention dans sa visée, elle est le désir et le sens qui en découle. La morale provient des pulsions. L’éthique est affaire de sujet, la morale est affaire de moi. Le sujet se fonde sur le symbolique, tandis que le moi est dans l’imaginaire.

      La symbolisation facilitée
      Les images utilisées en psychanalyse sont identiques à des séquences de rêve. Elles contiennent la même force poétique. Elles détiennent les mêmes énergies de métamorphose. Il s’agit d’images vivantes, ouvertes et fluides, des images en mouvement, riches de sens et de potentialités.
      L’exemple du papillon blanc s’appuie sur les sensations et les images qui peuvent émerger chez un enfant qui parle de sa place au sein de sa famille : Je suis un papillon épinglé au mur. Un papillon tout blanc sur un mur blanc. J’imagine que mes parents sont des petites souris. Ils viennent me ronger les ailes. Je suis paralysé, ça fait peur…
      L’enfant se perçoit comme un objet de décoration. Invisible parmi le décor familial. Il n’existe pas. Tout est blanc : l’enfant a perdu contact avec lui-même et avec l’environnement humain. La blancheur du mur évoque un état d’isolement, un univers concentrationnaire. Il n’y a plus de relief : ni sensation, ni sens. Les parents viennent grignoter les forces vives de l’enfant, sa confiance et ses capacités d’autonomie : ses possibilités d’envol.
      Autre exemple : Irène est une femme d’une trentaine d’années. Elle vient consulter pour des difficultés à concevoir et porter un enfant. Après plusieurs semaines, lors d’une séance, la psychanalyste informe sa patiente qu’au moment où elle lui parle, elle a l’image d’une petite fille sanglotant, recroquevillée dans le coin d’une pièce. Irène est très émue. Elle sent son corps se rigidifier. Elle parle d’un grand vide intérieur. Son corps est creux. Elle ressent comme un baigneur en celluloïd. Seuls ses yeux sont mobiles. Son cou est raide, ainsi que tout le reste du corps. Cette prise de conscience est horriblement douloureuse : Je ressens une douleur physique incroyable, dit-elle.
      Le corps témoigne par une grande douleur physique de la douleur psychique, ici liée à la conscience d’avoir été manipulée comme une poupée. Dans certaines familles, le devenir du sujet est confondu avec les rituels et la production d’objets. Les codes institués sont insensés. Enfant, Irène ne comprenait pas les règles de sa famille. Elle se sentait assimilée à l’enfant-instrument de sa mère, qui joue à la poupée avec elle. Sa mère n’était pas en relation avec elle. Les yeux vivants d’Irène, réduite au baigneur de sa maman, expriment la conscience aux aguets pour maintenir son humanité. Une vigilance de tous les instants était nécessaire  pour ne pas se sentir disparaître.
      Henri, lui, est un homme d’une quarantaine d’année. Au cours de sa psychanalyse, il se remémore les attouchements sexuels répétés de son frère aîné, lorsqu’il était enfant. Un jour, la psychanalyste lui parle d’une sensation d’engourdissement, de froid et d’immobilisme, qu’il ressent quand le patient évoque sa peur des contacts avec ses propres enfants. Une image s’impose alors au patient, accompagnée de fortes sensations. Il se sent prisonnier dans un tombeau ouvert. Il fait nuit. Le ciel est au-dessus de moi. Je vois les étoiles. Je suis inerte… Henri dit : Je suis comme un vampire, j’ai été contaminé ; si je bouge, je contaminerai les autres. Il exprime la terreur de l’enfermement. Il se sent condamné à ne plus faire le moindre mouvement, sous peine de (re) vivre une catastrophe…
      Ces images expriment la complexité douloureuse de l’identification à l’agresseur et à l’agression. Il s’agit d’un écartèlement entre deux pôle opposés. D’une part, Henri se sent profané. Il croit qu’il n’appartient plus au monde des humains. Il est immensément triste de se trouver indigne. D’autre part, il se sait contaminé. L’agression a brisé l’accès à la pensée. L’agresseur est logé en lui, s’est mêlé à son identité. Il a peur de reproduire ce qu’il sait être meurtrier. Il craint de devenir profanateur. Entre ces deux pôles se trouve un nœud virulent, qui brûle comme de l’acide. C’est le lieu d’une tourmente intérieure : le sentiment d’être damné.
      Avec l’aide des images du corps, la psychanalyste permet de remettre les pensées en mouvement. Le psychanalyste accompagne la personne à travers ses douleurs. Il est témoin vivant et humain de l’histoire de l’analysant. Il rappelle à chaque instant au patient là où il est demeuré vivant. L’alliance entre l’analyste et l’analysant est le support de l’éthique : coopérer dans l’émergence de la pensée pour chercher, puis favoriser, l’accès à la vie et au désir.

       

      Saverio Tomasella

       

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