Hanna Arendt,
une pensée libre

Hanna Arendt, une pensée libre
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Femme philosophe, femme amoureuse, femme d’action, Hanna Arendt décline tous les aspects d’une existence placée sous le signe d’une vitalité exceptionnelle, au service d’une pensée libre. Ce n’est certes pas par hasard si la psychanalyste Julia Kristeva la considère comme étant une des représentantes du génie féminin du XXème siècle.

Hannah Arendt voit le jour à Hanovre le 14 octobre 1906. Elle est l’enfant unique d’un couple issu de la bourgeoisie juive. Sa mère, Martha Arendt née Spiero-Cohn, est une femme d’une grande culture. Son père, Paul Arendt, est ingénieur. Il décède de la syphilis après être resté paralysé durant plusieurs mois, alors que l’enfant n’a que 7 ans. Martha se remarie avec un homme veuf, père de deux filles plus âgées qu’Hanna : Eva et Clara.

Une vivacité d’esprit précoce


La petite Hannah n’est pas une adolescente facile. Bonne élève mais affublée d’un caractère bien trempé, elle est exclue du lycée pour avoir pris la tête d’un groupe d’élèves qui s’opposait à une enseignante. Elle passe son baccalauréat en candidate libre, diplôme qu’elle obtient en 1924. Animée par un puissant désir de comprendre, fascinée par la philosophie mais aussi par la poésie grecque, elle a déjà lu Kant et Kierkegaard lorsqu’elle s’inscrit la même année à l’Université de Marbourg en philosophie, théologie et géographie. Pendant l’hiver 1924/1925, le philosophe Martin Heidegger donne un cours sur Platon. Après la séance, Hannah n’hésite pas à se présenter dans son bureau… Entre eux commence une véritable passion amoureuse et intellectuelle. Martin Heidegger, marié, a dix-sept ans de plus que la jeune fille. Il ne quittera jamais sa femme mais restera sous le charme d’Hanna tout au long de sa vie. Consciente de l’impossibilité de vivre sa relation avec Heidegger au grand jour, elle décide de continuer ses études à Fribourg-en-Brissau où elle devient l’élève de Husserl, puis à Heidelberg où, sur les recommandations d’Heidegger, elle rencontre Karl Jaspers. Sous sa direction, elle rédige sa thèse « Concept d’amour chez Augustin ».

Les rouages du totalitarisme


En 1929, Hanna a 23 ans et ressent le besoin d’une vie de couple calme et apaisante. Elle épouse, sans vraiment l’aimer, un jeune philosophe allemand, Günther Stern. Elle se consacre alors à l’écriture d’une biographie, celle de Rahel Varnhagen, écrivain romantique juive allemande qu’elle appelle mon amie intime. En même temps, et au vu des comportements violemment antisémites qui sévissent, Hanna Arendt prend conscience de son identité judaïque. Elle s’engage dans une organisation sioniste et enquête sur les méfaits de la propagande à l’encontre de la population juive. Arrêtée par la Gestapo, elle est relâchée après huit jours d’emprisonnement. Un événement la marque humainement et politiquement : l’incendie criminel du Reichtag, en février 1933. Les boucs émissaires sont alors les communistes et Adolf Hitler se pose en sauveur de la nation. Avant de s’exiler en automne 1933, Hanna Arendt consacre ces quelques mois à faciliter la fuite de nombreux militants d’opposition. C’est de cette période vécue au quotidien qu’Hanna Arendt s’inspirera plus tard pour démonter les rouages de tout système totalitaire. « Les origines du totalitarisme », ouvrage de référence publié en 1951, condamne en effet aussi bien le nazisme que le communisme, et toute idéologie abritant les mêmes mécanismes de la pensée unique, du refus du pluralisme et, de fait, du musèlement des minorités.

Une apatride active


C’est en France qu’Hanna Arendt se réfugie, non sans avoir pris soin d’y emmener sa mère dont elle s’occupe après le décès de son beau-père. Tout en travaillant pour subsister et militant pour l’« Aliya », une organisation chargée de la protection d’enfants juifs et facilitant leur émigration en Palestine, elle fréquente l’intelligentsia de la communauté des émigrés mais également les philosophes français et en particulier les existentialistes. En 1936, l’amour et le bonheur lui sourient, lors d’une conférence, en la personne d’Heinrich Blücher. Allemand exilé lui aussi, Heinrich est un autodidacte dont le profil d’aventurier séduit Hanna. Elle divorce en 1937 d’avec son premier mari et épouse son nouveau compagnon le 16 janvier 1940. Le couple est tout à fait assorti et les deux partenaires resteront unis jusqu’à la disparition d’Heinrich 30 ans plus tard. La même année, son statut de « femme étrangère d’origine allemande » lui vaut d’être internée dans le camp de Gurs. Loin de sombrer dans le défaitisme et animée d’une vitalité hors du commun, elle réussit à s’enfuir, gagne Marseille, puis Montauban et s’arrange pour obtenir un passeport pour le Portugal. À Lisbonne, elle prépare son départ pour les États-Unis en même temps que 2 500 autres réfugiés juifs. En mai 1941, Hiram Bingham IV, diplomate américain, lui délivre, ainsi qu’à ses camarades d’infortune, un visa d’entrée en Amérique.

Consécration et authenticité


Comme beaucoup de ses congénères, Hanna Arendt débarque à New York, certes en sécurité, mais toujours apatride et sans subsides. Il lui faut absolument gagner sa vie rapidement, d’autant qu’elle a aussi obtenu un visa pour sa mère. Elle n’hésite pas à quitter New York pour le Massachussetts où elle décroche un emploi d’aide à domicile. Puis elle envisage de devenir assistante sociale. Finalement, elle retourne à New York et y trouve une place de journaliste et d’employée de maison d’édition. Son mari, qui l’a rejointe, a plus de mal à trouver un emploi mais sa bonne étoile et sa capacité d’adaptation l’aident. Alors qu’il s’apprête à assister à une conférence sur Rembrandt, le conférencier est absent. Heinrich propose de le remplacer ! Il est si brillant qu’il se voit proposer un poste de professeur d’université. En 1951, Hanna Arendt obtient la nationalité américaine et débute une carrière de conférencière à la suite de la publication de son ouvrage « Les origines du totalitarisme » qui fait d’elle une célébrité. On lui offre la possibilité de donner des cours de philosophie politique en tant que professeur invitée dans des universités prestigieuses : Berkeley, Princeton, Columbia, Brooklyn College, Aberdeen, Wesleyan, etc. Elle publie en 1958 « Condition de l’homme moderne » et « La Crise de la culture » en 1961. En 1963, elle couvre le procès du nazi Adolf Eichmann. Pour elle, Eichmann est l’archétype de ce qu’elle nomme la banalité du mal. Son message sera mal interprété par les milieux juifs et sionistes. L’objectif de la philosophe n’est pas de pardonner mais de comprendre. Aussi traite-t-elle au début de son texte Eichmann de pantin, de marionnette. Un être normal, bon père de famille, fonctionnaire irréprochable, dépourvu de… pensée ! Mais peu importe, Hannah Arendt prend le risque de s’exprimer indépendamment de toute idéologie, ce qui fait sa différence. D’ailleurs, ce courage et sa fidélité à elle-même et à son histoire lui feront également répondre à sa nièce, qui ne comprenait pas sa visite à Martin Heidegger alors qu’il était sur la sellette à propos de ses positions discutables et discutées envers le national socialisme : Petite, il y a des choses qui sont encore plus fortes que l’être humain. Hanna Arendt s’éteint le 4 décembre 1975, mettant un point final à une vie au cours de laquelle l’authenticité a toujours prévalu sur le faux-semblant.

 

Kevin Vallat

 

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