Nicole Calfan,
une femme au service des femmes

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Vive, franche, aimable, drôle, attachante, Nicole Calfan est encore plus que ça : c’est une bosseuse au grand cœur. Qui réfléchit et ne laisse rien au hasard. On la sent reliée. Aux femmes en particulier…

Signes & sens : Malgré une carrière impressionnante — Conservatoire, Comédie Française, des films qui ont marqué comme «Le Grand Amour», «On l’appelait Milady», des rôles mythiques à la télévision dans «Arsène Lupin» entre autres — vous donnez l’image d’une femme discrète…
Nicole Calfan : C’est une volonté ! Outre le fait que je sois actrice, je suis aussi une maman. J’ai beaucoup privilégié ma vie de famille auprès de mes enfants. D’où ma discrétion…

S & s : Cela repose-t-il sur un schéma d’éducation, sur des valeurs familiales ?
N. C. : Je pense en effet que cela répond à un schéma d’éducation bourgeoise. Et je ne m’en défends pas ! Mais aussi à un véritable goût pour la famille, pour des valeurs saines et une certaine normalité…

S & s : Avez-vous l’impression que ces valeurs ont disparu ?
N. C. : Elles ont disparu parce que nous sommes dans un monde de plus en plus violent et égocentrique. Les gens sont sur le qui vive. La vie est très dure pour tout le monde et c’est un peu chacun pour soi ! Les valeurs qu’il nous reste ? Justement nos enfants ! Je voudrais rajouter que ma discrétion a nui à ma carrière. Je n’ai jamais voulu ou su me mettre en avant.

S & s : Ce qui peut sembler un paradoxe…
N. C. : Tout à fait ! Je peux être en avant sur scène ou devant une caméra. Pourtant, dans la vie, pour vous donner une exemple, j’ai les mêmes amis depuis l’âge de dix ans ! Je pense – pardonnez mon franc parler – que les actrices qui sont au top du top sont quand même quelque part des tueuses… C’est un choix que je respecte mais que moi je n’aurais pas pu faire. Je suis une tendre. En tant que comédienne, je crois faire preuve de compassion, ce qui ne va pas toujours avec ce métier. Il est vrai que je suis un peu en marge et que je fais en quelque sorte de la résistance…

S & s : On ne fait pas le choix des « Monologues du vagin » par hasard…
N. C. : J’en ai la chair de poule… Je reprends les « Monologues », bien que les ayant déjà joués il y a cinq ans. Il s’agit d’une autre partition. On ne joue pas la facilité avec les « Monologues ». Je me rends compte du chemin que j’ai pu faire en cinq ans. J’aime de plus en plus ce texte. Je me sens totalement investie par Eve Ensler, l’auteur, et de plus en plus proche de toutes ces femmes en souffrance. Que ce soit en Afghanistan, au Congo, dans les cités ou dans le XVIème. Comme j’ai un côté provocateur, j’adore lorsque les gens me disent : «On n’ira jamais le voir ! Ce titre est rebutant…». Mais je leur réponds : « Si vous saviez comme c’est beau ! On passe du rire aux larmes… ». Il est vrai que j’ai pris ce texte à mon compte. Beaucoup plus qu’il y a cinq ans. Parce que j’ai évolué, parce que je me bats tous les jours. Peut-être parce que je fais partie d’associations pour les femmes. Peut-être aussi parce que, mes enfants étant maintenant grands, j’ai retrouvé une forme d’autonomie. Ce qui me rend plus agissante.

S & s : Avez-vous l’impression que ces textes ont un effet positif sur le public féminin et même masculin ?
N. C. : Oui, l’effet est très positif. En général, il y a plus de femmes que d’hommes dans la salle même si le nombre de ces messieurs a tendance à augmenter... Il ne s’agit pas du tout de textes contre les hommes mais plutôt de textes pour les femmes. Ils informent et avertissent sur la maltraitance – encore ignorée de nos jours – infligée aux femmes. Pour exemple, l’histoire de ce mariage annulé pour défaut de virginité constitue pour moi une violence faite à une femme. Je ne suis pas porte-parole en jouant les « Monologues ». Je ne suis qu’une artiste qui fait son métier mais cependant engagée. Ainsi, je travaille actuellement sur mon dixième roman, intitulé « J’ai envie de moi », qui raconte l’histoire d’une passion dévastatrice. D’un point de vue psychanalytique, on pourrait dire que les femmes aujourd’hui se prennent en main. On se croirait en 68 ! À 60 ans, dire « J’ai envie de moi », c’est déjà marquer une position…

S & s : Les hommes ont-ils changé depuis 68 ?
N. C. : Je vais dire quelque chose qui va peut-être étonner : je ne vois plus d’hommes ! (rires). J’ouvre mes yeux… mais je ne les vois pas !

S & s : Induisez-vous qu’ils ont été castrés par un féminisme à outrance?
N. C. : C’est évident. Je suis entouré d’homos… que j’adore. Je suis devenue une com gay malgré moi. Mais les hommes à l’ancienne, comme on les a aimés, je n’en vois pas !

S & s : Celui sur lequel on pouvait s’épauler…
N. C. : Oui, l’épaule… Je ne suis pas du tout une féministe contre les hommes, je suis toujours du côté des femmes. Elles le sentent et je crois qu’elles m’aiment bien. Mais les hommes ? Alors vraiment… je ne sais pas où ils sont !

S & s : Voyez-vous un lien entre une certaine violence masculine et le fait que l’on ait inhibé l’homme ?
N. C. : Je pense que nous avons une certaine responsabilité face à la violence d’un homme. Lorsqu’on est confronté à celle-ci, c’est qu’on n’a pas su se faire respecter. Les femmes qui la subissent ont certainement laissé se développer cette graine à côté d’elle. C’est un peu notre faute. Si dès le début, à une voix qui monte le ton et qui devient agressive, on disait: « Attention, stop ! », on n’en serait pas là. Mais certaines femmes violentées ne partent pas à cause de l’argent et d’une sécurité. Il y a en fait beaucoup de cas de figure. Lorsqu’on fait partie des femmes qui aiment trop et que l’on veut absolument être aimée, on passe sur trop de choses…

S & s : Vous êtes vous-même passée par cette trajectoire-là… Comment vous en êtes-vous sortie ?
N. C. : On en sort blessé à vie. Comme un viol… Que ce soit une gifle non méritée ou un coup, devant l’innocence, le traumatisme est le même. On en sort bancale. Plus forte cependant car plus méfiante à l’égard des hommes. J’ai la chance, en tant qu’artiste, d’être très équilibrée dans mon déséquilibre. J’ai mes points de repère, j’ai ma fragilité mais énormément de force aussi…

S & s : Pensez-vous qu’il puisse y avoir des maladresses verbales féminines conséquentes face à un homme ?
N. C. : Cela se situe plus au niveau d’une attitude. Lorsqu’on vit avec un homme et que l’on veut être une femme un peu trop parfaite, on le castre… et il vous mord. Mais ne me demandez pas comment il faut faire, je n’y suis pas arrivée (rires)…

S & s : Comment avez-vous élevé vos deux fils ?
N. C. : Avec mon cœur… Je ne me suis pas acharnée sur eux pour les études. Je leur ai fait confiance. Je les ai laissés libres. Ce qui ne veut pas dire livrés à eux-mêmes. Ils ont senti que je les respectais et j’ai aujourd’hui un magnifique retour. Ils ont fait des bêtises comme tous les ados mais ils sont retombés sur leurs pieds parce que l’amour pour leur mère était plus fort. Je ne suis pas leur copine, ils ne sont pas mes psys. Beaucoup trop de mamans racontent tout à leurs enfants… C’est donc beaucoup plus évolué que chez mes parents où c’était bourgeois, cadré. On est dans une grande liberté d’expression. Ils sont d’ailleurs artistes tous les deux.

S & s : Quelle place avez-vous donné à leur père ?
N. C. : Je n’ai pas été très bonne là-dessus, ne lui ayant sûrement pas laissé toute la place qu’il souhaitait avoir…

S & s : Pouvez-vous nous parler de votre propre filiation ?
N. C. : (Rires)… Nous allons entrer en plein exotisme. Du côté maternel, j’ai une grand-mère polonaise extraordinaire qui ne parlait que le yiddish. Elle était une vraie grand-mère couvant ses enfants et ses petits-enfants, faisant des gâteaux toute la journée. D’une famille qui a été très éprouvée pendant la guerre, extrêmement disséminée et déportée. Du côté de mon père, j’ai eu des grands-parents russes. Pour communiquer avec eux, je me suis mise au russe à partir de la quatrième. C’était des gens très simples. Mes parents sont issus d’un milieu modeste et se sont faits tous les deux d’une manière magnifique.

S & s : Êtes-vous favorable au devoir de mémoire ?
N. C. : Tout à fait. Je vais vous répondre par une anecdote qui vient de m’arriver. J’ai reçu un mail d’une petite jeune-fille vivant en Israël. Je crois que mes grands-parents, m’écrit-elle, ont caché votre famille pendant la guerre. Pouvez-vous essayer de vous renseigner ? Ce que j’ai fait. Cette jeune-fille s’était trompée de famille. Ceci pour dire que je m’emploie au devoir de mémoire. J’ai envoyé beaucoup de mail à cette jeune-fille. Je porte l’étoile de David, je suis très juive…

S & s : Êtes-vous une femme de foi ?
N. C. : Oui. Ne sachant pas prier en hébreux, je prie en goy (rires…). Mais je ne pratique pas énormément, tout cela est plutôt de l’ordre d’une spiritualité.

S & s : Avez-vous rencontré Dieu dans votre vie ?
N. C. : Je crois que oui. Je n’ai pas d’anecdote particulière mais je sais que lorsque je suis très mal, il y a toujours quelque chose qui jaillit au dernier moment. Je sens mes parents, que j’ai perdus, très présents. Il m’arrive de faire des rêves prémonitoires. Je pense être quelqu’un de très protégée.

S & s : Êtes-vous attirée par une certaine littérature ésotérique ?
N. C. : Cela fait trente ans que ces sphères-là m’intéressent. J’ai appris beaucoup de choses grâce notamment à la sophrologie que je mets en pratique, tel le lâcher prise par exemple. Ainsi, au moment d’entrer sur scène, je dis : La voix de Dieu avant la mienne… J’ai lu une interview d’un acteur de cinéma célèbre à qui on demandait ce qu’il faisait lorsque le metteur en scène disait, « moteur ». Il a répondu : Je prie… Je suis un peu comme ça !

S & s : Avez-vous été tentée par une psychanalyse ?
N. C. : J’ai fait une psychothérapie qui s’est révélée dramatique. Je suis passée à côté. J’ai une très mauvaise expérience parce que je pense que je suis mal tombée. Je pense avoir mis, de par mon pouvoir de séduction, cette thérapeute dans ma poche !

S & s : Vous ne confondez donc pas une professionnelle avec une profession ?
N. C. : Absolument.

S & s : Vous êtes une femme de discernement…
N. C. : Oui, sauf avec les hommes (rires…)

S & s : Bannissez-vous dorénavant la relation à l’homme sur un plan affectif ?
N. C. : Non, mais je suis romanesque, romantique et pure. À l’âge que j’ai, je peux me permettre de dire ce que j’ai envie. Et puis la barre est haute lorsqu’on a connu un Jean Yanne à 20 ans. D’autant qu’après deux mariages et deux divorces, il n’est pas facile de trouver sa moitié de pomme… Lorsqu’on est un peu connu, il n’est pas simple de rencontrer quelqu’un qui soit plus intéressé par Nicole que par Calfan…

S & s : Êtes-vous à l’aise dans votre époque ?
N. C. : Non, je suis d’une autre époque. Certainement du XIXème pour son romantisme, pour une certaine sophistication. Moins de rudesse. Je trouve qu’on demande beaucoup aux femmes aujourd’hui.

S & s : On a tendance à dire que vous avez eu une éclipse d’une vingtaine d’années…
N. C. : Je ne sais pas pourquoi ce truc traîne… Je n’ai pas eu d’éclipse. Je me suis juste arrêtée quatre ans pour mes enfants. Sinon, j’ai tout le temps travaillé. J’ai écrit. Il n’y a pas eu d’éclipse sinon les éclipses naturelles du métier qu’on a tous et toutes…

S & s : Comment avez-vous vécu ces retraits ?
N. C. : On dramatise toujours parce qu’un acteur ou une actrice qui ne travaille pas, c’est comme une fracture ouverte. À l’inverse, ceux qui travaillent beaucoup sont atteints de boulimie. Depardieu et Arditi, que j’admire énormément, sont paniqués s’ils n’ont pas une journée de tournage prévue pour 2010 ! Ils rentrent dans une boulimie qui rassure…

S & s : Ce sont des passionnés…
N. C. : Ce sont des passionnés mais comme le dit le comédien Benoît Poolvoorde, tombé en dépression, lorsque les choses vont trop vite, lorsqu’on est trop assisté, on pète un câble. En ce qui me concerne, ça a été un démarrage classique. Je vois des acteurs qui lorsqu’ils ne travaillent pas sont tellement malheureux ! Je le suis aussi mais un peu moins parce que j’ai l’écriture. Faire des choses soi-même, ne pas attendre un coup de fil, écrire une pièce comme je viens de le faire, la monter, c’est beaucoup plus gratifiant… Être son propre chef d’orchestre.

S & s : Vos actes thérapeutiques se résument-ils justement à ne pas attendre ?
N. C. : Il est vrai que lorsque rien ne se passe, je fais toujours en sorte qu’il se passe quelque chose. Toujours !

S & s : Quel message voudriez-vous faire passer ?
N. C. : J’en fais tellement passer au travers de l’écriture que je ne sais pas vraiment. Vous me prenez de court ! Ce serait certainement par rapport aux femmes. Je leur dirais qu’il faut marquer son territoire et construire une relation basée sur le respect, dans un dialogue intelligent. Je faisais partie de ces femmes qui croient qu’à chaque fois qu’il y a une dispute, la rupture est au bout. Ce qui est faux. Il faut apprendre à parler!

 

 

Nicole Calfan et l’humanitaire
Nicole Calfan est marraine de l’association dont s’occupe Monique Amar, femme du journaliste Paul Amar, « Amour de soie ». Son objectif étant la construction d’écoles au Vietnam dans le but de scolariser des petites filles vietnamiennes.

Sa biographie
Nicole Calfan est née à Paris. Après avoir été formée au Conservatoire de Raymond Girard, Nicole Calfan entre en 1968 comme pensionnaire à la Comédie Française, où elle reste jusqu’en 1974.
• Cinéma
Nicole Calfan tourne sous la direction de Pierre Etaix dans «Le Grand amour» en 1968, de Jacques Deray dans « Borsalino » en 1969 et de Daniel Vigne dans « Les Hommes » en 1971. Elle interprète ensuite des personnages de jeunes filles frivoles dans les films de Jean Yanne comme «Moi y’en a vouloir des sous» en 1972 et « Les Chinois à Paris » en 1973. Nicole tourne également dans des polars tels que « Le Casse » d’Henri Verneuil et « Le Gang » de Jacques Deray. Elle interprète, en 2005, une femme tendre, blessée et épouse d’un mari volage dans le film «3 femmes... un soir d’été».
• Télévision
Elle tourne de nombreux téléfilms avec des réalisateurs tels que Patrick Grandperret, José Pinheiro, Josée Dayan, Jean Sagols, Joël Santoni.
• Théâtre
« Joyeuses Pâques » de Jean Poiret mis en scène par Pierre Mondy, « Huis clos » mis en scène par Georges Wilson, « Le Dindon » de Georges Feydeau mis en scène par Jean Meyer.
• Littérature
Nicole Calfan est l’auteur de neuf romans dont le dernier paru en mars 2006, « À part ça tout va bien », sous-titré « Petite chronique d’une cinquantaine annoncée ».

 

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