Brigitte Lahaie
spécialiste de l’amour

psychanalyse-magazine-22-brigitte-lahaie


Ancienne star du « X » de la fin des années 70, Brigitte Lahaie a réussi une reconversion qui n’était pas gagnée d’avance. Comment est-elle passée des films pornographiques au cinéma « classique » ? Puis comment est-elle arrivée à être sollicitée par Alain Weill, PDG de RMC Info, pour animer quotidiennement une émission en direct, « Lahaie, l’amour et vous » ? Certes, si elle fête l’amour, ce qui sonne déjà comme une première réponse, bien d’autres qualités humaines auréolent Brigitte. Il n’est qu’à lire son ouvrage « Parlez-moi d’amour », paru aux Éditions Marabout, pour découvrir que son « parler vrai » cache une réelle empathie. Femme d’expériences, Brigitte Lahaie ne renie rien, offrant son parcours de vie comme autant de possibilités de « détabouiser » la nôtre…

Psychanalyse Magazine : Le nom de Brigitte Lahaie déclenche tout de suite notre imaginaire…
Brigitte Lahaie : Je me présenterai – c’est d’ailleurs ce que je mets toujours sur mon passeport – comme artiste, parce que ça veut tout et rien dire ! Je me sens profondément artiste et, deuxièmement, lorsqu’on me demande ce que je fais par exemple sur RMC, je dis souvent que je me sens « accoucheur des âmes » ; c’est vraiment quelque chose que j’aime dans ma vie. Et finalement, si je réfléchis bien, tout ce que j’ai fait professionnellement c’était un peu pour que les gens, à travers moi, puissent se révéler à eux-mêmes.

P. M. : Peut-on parler de « Moi sacrificiel » ?
B. L. : Oui, être actrice de « X », c’est plus du ressort du masochisme qu’autre chose mais c’est peut-être grâce à ce parcours-là que je sais, aussi, être très égoïste – au bon sens du terme – car j’ai la sensation de donner beaucoup ; ainsi, je me sens bien avec moi-même !

P. M. : Comment en arrive-t-on à faire du film « X » ?
B. L. : Je crois que pour l’époque, en 1976, faire du film « X » ce n’était pas du tout la même chose qu’aujourd’hui, c’était presque en cachette ; on pouvait tourner des films « X » sans que personne ne le sache. Mais je crois que ça a été surtout pour dire à mes parents : oui, on peut prendre du plaisir avec plusieurs hommes et le dire à visage découvert. Je crois que j’avais vraiment envie et besoin ça.

P. M. : En quelque sorte, une thérapie ?
B. L. : Tout à fait, je dis toujours que le « X » m’a sauvée de beaucoup de choses. À dix-huit ans, j’étais une adolescente très mal dans sa peau, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire et, en même temps, je désirais sortir d’un schéma classique. Cette expérience a été une ouverture extraordinaire pour moi, même si je l’ai payée le prix de la chair…

P. M. : Lorsque vous étiez enfant, votre éducation vous semblait-elle trop rigide, un peu coincée ou pas du tout ?
B. L. : Je ne peux même pas dire ça et, cependant, j’avais la sensation d’être élevée… Mes parents sont issus de la petite bourgeoisie avec tout ce que ça comporte de positif et de négatif où, avec un père employé de banque et une mère qui avait fait des études de comptable, il fallait être quelqu’un d’honnête ; pour moi, c’était un peu étriqué, j’avais envie d’exploser.

P. M. : Comment vos parents ont-ils reçu votre message ?
B. L. : Je dois dire que ça n’a pas été simple. C’est moi-même qui leur ai dit très vite et heureusement, parce qu’ils ont reçu, plus tard, des lettres anonymes mais ils ne m’en ont jamais parlé : c’est un non-dit. Avec mon père, par la suite, j’ai réussi à en parler avant qu’il ne meure mais, avec ma mère, nous n’en avons jamais discuté ; j’ai respecté, bien sûr, ce non-dit parce que je pense que, si elle ne m’en a jamais parlé, c’est qu’elle ne voulait pas aborder le sujet. Pour ma part, je l’ai suffisamment évoqué et je racontais toujours cette anecdote – plus maintenant parce que ma célébrité est autre – mais, à l’époque, quand je passais à la télévision et que j’abordais mon passé, maman regardait et elle me faisait toujours une réflexion : « Tiens, tu avais une jolie robe, tu étais bien coiffée… » ; très vite, j’ai compris que c’était une manière de me dire qu’elle était fière de m’avoir vue à la télé mais que ne pouvant pas me parler du contenu, elle me parlait de l’extérieur.

P. M. : Pensez-vous que votre destin passait par-là ou auriez-vous pu faire autrement ?
B. L. : On peut toujours faire autrement, je crois… Mais en ce qui me concerne, je pense que c’était quelque chose qui était important dans mon chemin de vie et qui a déterminé ce que je suis aujourd’hui. La difficulté c’était d’en faire quelque chose de positif après, parce que, quoi qu’on en dise, ce n’est quand même pas un départ qui aide dans l’existence.

P. M. : Pourtant, vous connaissez une trajectoire remarquable…
B. L. : Oui, c’est juste… En fait, j’ai été très heureuse pendant ces quelques années de tournage de film « X ». C’est l’après qui a été une véritable traversée du désert et une sorte de purgatoire. Je crois que j’ai eu la chance, paradoxalement, d’avoir connu à peu près cinq ans de passage à vide qui m’ont permis de me reconstruire et de rencontrer des gens qui m’ont donné les moyens de comprendre pourquoi j’avais fait du « X » et qui j’étais ; ça a été une reconversion très douce. Je n’ai pas eu la célébrité pendant que je tournais des films « X », je suis devenue célèbre après et j’ai eu le temps d’élaborer tout ça.

P. M. : Les choses se sont enclenchées, en quelque sorte, de façon normale ?
B. L. : Normale, je ne sais pas, car beaucoup de portes se fermaient dès que l’on découvrait qui j’étais, mon passé, etc. J’aime bien citer cette phrase qui n’a rien à voir puisqu’elle parle d’homme politique mais je trouve qu’elle est assez juste : « C’est l’Histoire qui fait les grands Hommes » et moi, j’ai envie de dire que c’est l’histoire qui m’a permis de m’en sortir. En fait, j’ai commencé à être connue à une époque où le « X » démarrait sur Canal + et où la société française avait envie de se libérer au plan de la sexualité ; d’une certaine manière, j’arrivais à temps ! J’étais le porte-drapeau de femmes qui revendiquaient le droit au plaisir, à la liberté. Cela a aussi été un concours de circonstances ; peut-être que dix ans avant, je n’aurais pas existé et dix ans après, je serais arrivée en second ou en troisième ; il n’y aurait pas eu cette même cristallisation sur moi.

P. M. : Quand on fait du « X » ou quand on en a fait, qu’en est-il de sa vie sentimentale ?
B. L. : Curieusement, ma vie sentimentale a été très riche et plutôt réussie. J’ai connu beaucoup d’hommes, j’ai beaucoup aimé et j’ai été beaucoup aimée. J’ai finalement accepté d’en épouser un il y a deux ans et si je fais le bilan, je trouve que j’ai été très gâtée dans ma vie privée, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer ; j’ai eu, vraiment, de très belles histoires d’amour et gardé de très bonnes relations avec pratiquement tous mes « ex ».

P. M. : Vous vous êtes sentie respectée ?
B. L. : Oui, tout à fait… Au départ, j’ai plutôt choisi des hommes machos qui me voyaient davantage comme une femme sex-symbol mais, très vite, le processus s’est inversé et j’ai rencontré des hommes qui m’aimaient pour ce que j’étais et non pas pour l’image que l’on peut se faire d’une « sex-star ».

P. M. : Avez-vous eu des enfants ?
B. L. : Non, je n’ai pas d’enfant, par choix. D’abord, j’ai fait un choix très phallique, je ne voulais pas d’enfant qui déforme mon corps et puis, vers 32/33 ans, grâce à un ami psychanalyste, j’ai élaboré pourquoi je ne voulais pas d’enfant. J’ai compris plusieurs choses et je me suis rendue compte, au fond, que mon désir maternel était parti dans les chiens et les chevaux, ce qui me convient et que j’assume sans difficulté. De toute façon, je n’aurais pas pu avoir la vie que j’ai eue si j’avais été mère ; il m’aurait fallu faire passer des choses à la trappe…

P. M. : Pensez-vous que vous auriez pu avoir quelques difficultés à annoncer à votre enfant que vous aviez eu une trajectoire singulière ?
B. L. : Non, franchement car une mère, une bonne mère, c’est une mère qui sait s’occuper de ses enfants ; après, qu’elle ait été pute ou bonne sœur, ça n’a pas grande importance !

P. M. : Je ne savais pas que vous « parliez aussi à l’oreille des chevaux… et des chiens »…
B. L. : Il y a réellement pour moi, avec l’animal, une capacité à être dans un relationnel très fusionnel ; c’est ce que j’aime, aussi bien chez le chien que chez le cheval. C’est d’ailleurs pour ça que je n’aime pas le chat qui ne me permet pas autant de projections. D’abord, j’ai développé une passion pour les chiens et pas des moindres puisque c’étaient des dogues allemands ; j’avais besoin de les amener partout avec moi, de dormir avec, ce qui est vraiment quelque chose de l’ordre de la fusion maternelle ! Après, il y a eu les chevaux ; on est là aussi dans quelque chose qui fait corps, on est deux tout en n’étant qu’un ; maintenant, c’est quand même moins frénétique, c’est-à-dire que si je ne peux pas monter pendant des mois, je ne déprime pas mais il est vrai, qu’à une époque, c’était névrotique…

P. M. : Vous avez été une grande séductrice ; qu’en est-il de la séduction pour vous aujourd’hui ?
B. L. : Je crois que c’est Freud qui a dit cela : « On ne fait bien le deuil que de ce que l’on a eu » et je pense vraiment que sur le plan de la séduction, à un moment, j’en avais presque marre de ce côté sex-symbol ; mais, à la fois, je n’arrivais pas à me changer dans ma manière de m’habiller, je me sentais toujours obligée de me mettre des décolletés, d’avoir les cheveux longs, bouclés etc. ; petit à petit, mon émission m’a beaucoup apporté puisque on a parlé davantage de mon intelligence, de mon écoute, de ma générosité, plutôt que de ma beauté ou de mon côté sexy. J’ai enfin pu laisser tomber tout ce « paraître » ; je me sens beaucoup mieux et je n’ai plus besoin de séduire.

P. M. : Vous animez au quotidien une émission de deux heures sur RMC et, lorsqu’on vous écoute, vous avez quand même un verbe qui reste très séducteur, très enjôleur ; on constate ainsi que c’est votre nature profonde…
B. L. : On ne se refait pas. Oui, je crois qu’on reste ce qu’on est mais ça circule autrement. C’est malgré moi si je continue à essayer de séduire…

P. M. : Effectivement, vous donnez une impression de spontanéité. Il y a un timbre de voix posé, régulier ; vous accueillez vraiment l’interlocuteur, quel qu’il soit, sans jugement bien sûr. Et on peut penser que si on vous regardait vivre dans votre cuisine, dans votre jardin, ce serait aussi un petit peu comme ça. Pouvez-vous cependant pousser de grands coups de gueule ?
B. L. : Oui, me mettre en colère m’arrive aussi ; cependant, je n’aime pas, ce n’est pas l’image que j’ai envie de donner de moi.

P. M. : Très souvent, vous faites un clin d’œil à la psychanalyse ; avez-vous fait un parcours dans ce sens-là ?
B. L. : Non, je n’ai pas fait d’analyse, ni de psychothérapie mais j’ai la chance d’avoir un de mes meilleurs amis psychanalyste, que je connais déjà depuis quinze ans ; dès la première rencontre, m’a étonnée ce qu’il a pu dire en un mot sur moi ; je me suis dit ça, c’est un truc extraordinaire ! Je m’étais intéressée à l’astrologie mais c’est quand même plus abstrait ; j’ai eu envie de le revoir et au fil du temps, j’ai beaucoup appris, il m’a donné des livres… J’ai donc un peu étudié toute seule puis, ensuite, j’ai rencontré d’autres psychanalystes…

P. M. : Comment expliquez-vous que la société réduise toujours de nos jours la psychanalyse à la sexualité ?
B. L. : Moi qui crois à la force de la sexualité, je pense que la sexualité est un des grands moyens de se découvrir et de se libérer de soi-même ; je suis évidemment d’accord avec ça ; on est fait d’abord d’un sexe ou de l’autre, c’est peut-être la première chose qu’il faut que l’on comprenne vraiment.

P. M. : Ainsi, pour vous, la psychanalyse a tout à fait sa place au XXIème siècle ?
B. L. : J’irais même jusqu’à dire que si on lui donnait une plus grande place, la société irait mieux. J’ai même parfois pensé qu’il faudrait donner, par exemple, aux couples qui vont devenir parents, deux/trois bases, ce qui ne se fait absolument pas. Les individus deviennent parents comme si c’était une évidence d’être parents… Je pense que ça pourrait beaucoup les aider. Les instituteurs, autre exemple, devraient aussi connaître un peu mieux certains rudiments. Je pense bien sûr encore au milieu médical. Je le vois bien chez certains auditeurs qui sont allés voir un médecin et quand on entend ce que le médecin « aurait dit » – toujours à mettre entre guillemets – on se dit que le médecin a réglé son problème au travers de ce malade ; le vrai danger est là ; tant qu’on ne comprend pas comment fonctionne l’être humain psychologiquement, on est en projection permanente.

P. M. : Quelle est la question que l’on ne vous ait jamais posée et que vous aimeriez que l’on vous pose ?
B. L. : Je reste définitivement dans le désir de l’autre, je reste donc toujours dans l’envie de répondre aux questions que l’on me pose.

 

> Lire d'autres interviews

 

main
cadeau signes-et-sens-magazine-leader-magazines-gratuits-web gratuit signes-et-sens-magazine-leader-magazines-gratuits-web magazine Votre Blog & Forum de Signes & sens




 
 

Signes & sens, le site créé pour les femmes et les hommes respectueux de l'écologie relationnelle et environnementale...


Signes & sens Web
Psycho | Développement personnel | Santé / Forme | Sport & loisirs | Médecines douces | Bio | Cuisine | Beauté / Bien-être | Parapsychologie | Jeux / Psy-tests | Psychobiographies | Interviews | Bulletins d'humeur | Espaces : Psycho - Être - Confiance en soi | Parents - S'entendre - Relations positives |  Coaching - Se réaliser - Maîtrise de soi | Zen - Se régénérer - Beauté intérieure | Amour - S'aimer - Couple et intimité | Foi - Être croyant - Engagements | Astro - Prédire - Ésotérisme - Horoscope | Création - Créer - Expression artistique | Détente - Se libérer - Vitalité du corps et de l'esprit | Beauté - (Se) séduire - Bonheur d'être soi | Minceur - S'alléger - Changement harmonieux | Forme/Santé - Se ressourcer - Douceur de vivre | Habitat - (Se) préserver - Confort intelligent | Bio - Vivre sain - Respect de soi et des autres |  Spécialistes : Psychothérapies - Psychologie - Psychanalyse | Bien-être et santé - Vitalité - Bio | Parapsychologie - Spiritualités vivantes - Thérapies alternatives | Développement personnel - Coaching | Stages et Formations | Jeux-test - Bilans psychologiques gratuits | Conférences Psy Audio gratuites - MP3 | Astuces pratiques maison | Conseils Doctophyto|Ne déprimez plus | Nos prénoms nous parlent | Phrases positives de réussite | Foire aux questions Parapsy | Mes bonnes résolutions | Bons plans | Vos envies ont leur solution | Professionnels, dites NON à la crise | Shopping | Encore + de partenariat professionnel |Notoriété et référencement | Optimisation Web | Réseau social alternatif / Forums & Blogs.

Signes & sens Pratique

Service Publicité - Tél : 09 64 27 16 19

Signes & sens Mémo
Signes & sens - 17 Boulevard Champfleury - 84000 Avignon - Tél : 04 90 23 51 45



Mentions légales  Signesetsens.com ©