Bien avant que Léonard de Vinci, avec d’autres artistes, mette au point la technique du pastel pour rehausser les dessins – voir le portrait d’Isabelle d’Este –, les peintures rupestres témoignent que l’idée était déjà en germe depuis longtemps…
Aujourd’hui, à mi-chemin entre le dessin et la peinture, cette technique à part entière a recours à des bâtonnets de pastel gras ou sec. Le vocable, désignant aussi bien l’œuvre que l’outil utilisé, prend son origine de l’italien pastello, couleurs broyées, réduites en pâte (pasta). Les impressionnistes aiment l’employer, certains d’entre eux la complétant avec une pratique proche de celle du fusain, basée sur les lignes et l’estompage. D’autres, plus près de la peinture, préfèrent superposer des masses épaisses de couleurs... Appliqués sur une feuille de papier à gros grains, de carton, de toile, de velours (ou d’un carton enduit d’une texture veloutée) ou sur une planche de bois, les bâtonnets de pastel laissent des pigments sur le support en s’accrochant à ses pores.
Une aventure magique
Travailler le pastel, c’est faire véritablement corps avec sa production. Ici, nul besoin d’accessoires intermédiaires comme l’eau, la brosse ou la palette… L’inspiration, l’improvisation, l’alchimie des couleurs et la joie de s’engager dans une aventure magique peuvent faire retrouver son cœur d’enfant. On peut choisir des couleurs pures (application simple des bâtonnets), ou bien le mélange de couleurs par fusion (étaler une couleur sur l’autre), ou bien encore opter pour le mélange optique (superposer des traits de couleur). Certains aventuriers de la toile vont même jusqu’à mixer la technique de la peinture acrylique avec celle du pastel, ce qui donne des résultats tout à fait étonnants.
Le matériel
En plus des bâtonnets de pastel, il est bon de se procurer quatre outils très simples pour exploiter au maximum ses possibilités :
- Les estompes : il s’agit plus généralement de petits tortillons de papier ou de tissu, qui permettent d’étaler le pastel sur le support avec précision. On peut ainsi créer des fondus par mélange de couleurs.
- Les pinceaux ou plus simplement les doigts (leur emploi pour étaler le pastel offre des effets de grande précision et ne fera pas mentir la réputation de sensualité attachée à cette technique).
- Une éponge : elle permet d’étaler le pastel et de lui donner des effets ou même de retirer une couche.
- La gomme « mie de pain » : apparentée à de la pâte à modeler, elle possède une texture pratique pour retenir les particules de pastel. De plus, la gomme mie de pain corrige les erreurs et invite à dessiner en négatif en retirant de la couleur.
- Le fixatif : la matière du pastel étant instable, une œuvre peut rapidement se dégrader. Le fixatif, produit chimique semblable à de la laque et disponible en aérosol ou sous forme liquide, aide à fixer les pigments de couleurs sur le support, protégeant ainsi le travail.
Quelques suggestions
Le matériel peu encombrant du pastelliste se prête merveilleusement à des séances à l’extérieur. Aussi, il ne faut pas hésiter à associer la promenade au plaisir du pastel. La nature dispense de merveilleux sujets, à commencer par les couleurs du ciel. Ce peut être aussi un paysage, des oliviers, une marine… À moins qu’il y ait un désir de travailler le portrait à partir d’une photo ou, pourquoi pas, dans un premier temps, de réaliser des copies ? Les maîtres ont beaucoup à nous apprendre. Un débutant expérimente la technique sans juger sa production. Une fois à l’aise avec les bâtonnets, l’inspiration ne manque pas de s’imposer. Pour aller plus loin, des stages ou des ateliers sont largement proposés tout au long de l’année, très bien organisés et adaptés au niveau d’évolution de l’aquarelliste.
Franck Bauvet
Se munir de bons pinceaux
Le peintre néophyte, une fois devant sa toile, hésite souvent à choisir ses pinceaux parmi les multiples formes et matières utilisées. Pourtant, il est important de savoir qu’il n’y a pas de règle précise et que chacun trouvera ceux qui seront en adéquation avec sa façon de peindre. Les meilleurs pinceaux étant donc ceux avec lesquels l’artiste-peintre est le plus à l’aise, il a ainsi le choix entre la fibre synthétique de bonne qualité et l’excellente fibre végétale. Il peut opter pour la soie très résistante qui peut s’associer à la martre pour sa précision et son élasticité. Le pinceau plat pour les fonds et les aplats, le rond pour les détails en pleins et déliés. Quant aux pinceaux-éventails, ils contribuent à fondre les couleurs et à uniformiser la peinture. Les brosses à pocher sont plus particulièrement destinées à l’estompage et autres effets spéciaux. Le traceur court et long est souvent employé pour la finition. Il existe en outre une gamme de chaque sorte de pinceaux à choisir (2 ou 3) en fonction du format de l’œuvre à peindre. Quoi qu’il en soit, les bons outils artistiques restent toujours ceux qui correspondent le mieux au geste unique du créateur…
